
Méchant développement… Mais est-il durable?
Pour mémoire, le développement durable a trois sphères : Économique, Sociale et Environnementale. Selon la théorie du développement durable, le développement économique doit se faire en considérant les besoins des générations présentes et futures, en améliorant les conditions de toutes la société civile locale (a minima) et dans le respect des ressources naturelles et de l'environnement.
Analysons donc.
Économie :
Selon les informations présentées dans l'article en lien ci-dessus, ces investissements permettront, selon les principaux intéressés, de créer 2 500 emplois et généreront, à long terme, des activités économiques totalisant 340 millions.
Nonobstant le fait que les prévisions économiques s'avèrent toujours d'être d'une incroyable précision, les emplois créés seront-ils des emplois permanents? On peut se douter qu'avec les travaux de mise en chantier, des emplois en construction seront créés. Qu'adviendra-t-il de ces emplois une fois les travaux terminés? Il iront construire un autre port quelque part? Un terminal pétrolier dans une pouponnière à baleines peut-être? Se tourneront-ils vers des emplois en Alberta… avec le prix du pétrole en chute libre?
Les seuls emplois plus ou moins durables seront les débardeurs supplémentaires qui seront embauchés pour gérer les conteneurs en plus. Et encore, à la première fluctuation économique, les derniers arrivés seront les premiers mis à pied.
L'histoire a maintes fois démontré que les emplois créés dans des domaines dépendant directement de la consommation ne sont pas ce qu'il y a de plus durable… Peut-être qu'il serait temps de se départir des modèles de développement néo-libéraux dignes de Mad Men et de se tourner vers une économie ne serait-ce qu'un peu plus verte.
Social :
Bon, là on touche directement à notre champ d'expertise : L'environnement et le social. En apprenant l'augmentation du nombre de camions fréquentant le Port de Montréal, je suis convaincu que les résidents de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve ont sauté de joie en se disant : « YESSS! Plus de camions!! »
Lors de la conférence de presse, les présentateurs ont bien dit qu'on va améliorer l'accès des véhicules lourds directement au réseau autoroutier. C'est bien, mais le fait est qu'on est quand même dans des zones de Montréal densément peuplées… Et autoroute ou non, il existe des liens directs entre le trafic routier et la santé des populations limitrophes. J'en sais quelque chose, le sujet de ma maîtrise portait sur le lien entre le trafic, le Méthylcyclopentadiényle Manganèse Tricarbonyle, la quantité de Manganèse atmosphérique et les effets sur la santé.
D'ailleurs, un peu partout dans le monde, on essaie d'éloigner les zones industrielles et les zones résidentielles à cause des conflits coûteux qui peuvent survenir. Parlez-en à Klareco. D'ailleurs, une consultation, ou encore mieux, de la concertation sur l'arrimage des besoins du Port et de la population locale aurait pu être très bénéfique à l'élaboration du projet et à éviter l'émergence de conflits futurs. Il n'est d'ailleurs pas trop tard et je suis convaincu que la ZIP Jacques-Cartier se joindra à nous pour offrir de piloter de telles tables, en fonction des secteurs de la ville concernés.
Environnemental :
Bon. Par où commencer. Plus de transport classique, sans aucune considération pour des solutions plus modernes générant moins de GES me semblerait un bon début… sans compter les coûts associés à l'adaptation aux changements climatiques (ce qui coûte cher). On peut aussi partir de l'augmentation de l'achalandage de la voie maritime : Plus de bateaux, plus de batillage, plus d'érosion, plus de dragage nécessaire pour la voie maritime (ce qui est aussi très cher).
Peu importe, les effets environnementaux du développement économique classique sont archi-connus. Et j'ai peine à croire que l'on continue à retomber systématiquement dans les mêmes ornières.
Ceci dit, dans le cas qui nous concerne, il n'est pas trop tard pour bien faire. Avec un processus de concertation (au mieux) ou de consultation publique (au moins), le développement du Port et les investissements associés pourraient récupérer le durable de son développement. Ce qui pourrait, subséquemment, s'avérer bénéfique pour l'économie du Port, pour son environnement et pour toute la société civile de Montréal.
Alexandre