
Qu’est-ce que le Grand Splash ? C'est l'événement annuel où on se jette à l'eau à Montréal. Organisé par le Comité citoyen Montréal Baignade pour une douzième année consécutive, son objectif est de souligner le manque d’accès au fleuve sur l'ensemble du territoire de Montréal. Cette année encore, environ 200 personnes y ont participé.
On a pris plaisir à participer à cette baignade collective car le Comité ZIP défend le même crédo, soit celui de l'accès au fleuve. D'ailleurs, j'en profite pour vous redonner le lien de notre carte en ligne, qui géolocalise les points d’accès sur les rives de la grande région de Montréal pour y pratiquer différentes activités récréatives nautiques et riveraines. Actuellement, on sent que la Ville de Montréal se tourne vers ces accès justement, avec le dévoilement du Plan de l’Eau en mars dernier (dont on vous parlait dans ce billet), qui contient des projets de plages à Verdun et dans l'est, et le projet du Bain portuaire dans le Vieux-Port, dont l'octroi du contrat pour la réalisation de l'étude de faisabilité a été approuvé ce mercredi par le comité exécutif de la Ville.
Si comme moi vous étiez inscrits au fil de nouvelles de Montréal Baignade, vous surveilliez vos courriels, en attente de recevoir le feu vert pour la baignade au Vieux-Port. Ce courriel a tardé (j'ai même cru que je l'avais raté), parce que les conditions pour que cet événement puisse se réaliser ont tardé aussi ! Ces conditions étant des températures chaudes stables et une qualité d’eau adaptée pour la baignade.

C'est le cas de l'usage "baignade", ou plutôt nommé usage "d'activités récréatives à contact direct". Ainsi, le principal critère pour la baignade est la contamination microbienne. Celle-ci est évaluée à travers le paramètre des coliformes fécaux, qui servent d'indicateurs de la pollution microbienne car leur présence indique un risque de contamination fécale et donc de présence d'autres germes pathogènes qui y sont associés. Une eau de baignade contaminée par des germes fécaux pathogènes exposerait les baigneurs à différents problèmes de santé : dermatites, infections des yeux, des oreilles ou troubles gastro-intestinaux [1].
Pour le moment, il existe trois plages publiques sur le territoire de Montréal. Ces plages sont surveillées par le ministère de l'Environnement (MDDELCC), dans le cadre du Programme Environnement-Plage. Ces plages sont analysées sur la période estivale (mois de juin à août), la baignade est déclarée possible tant que le dénombrement de coliformes fécaux respecte le critère maximal de 200 par 100 ml d'eau échantillonnée [2]. D'ailleurs, les plages des parcs-nature du Cap-Saint-Jacques et du Bois de l'île-Bizard avaient été temporairement fermées au mois de juin dernier en raison de la non-conformité de leur eau de baignade [3].
En dehors de ces plages publiques, il est aussi possible de se baigner ailleurs sur l’île, tout en prenant garde aux accès et à la règlementation locale.
Qu'en est-il de la qualité ? Le Réseau de suivi du milieu aquatique (RSMA) de la Ville de Montréal mène la caractérisation des différents types de masses d'eau présents sur le territoire de l'agglomération : eau en rive, ruisseaux et plans d'eau intérieurs, cours d'eau limitrophes et réseaux d'égouts pluviaux. Concernant la baignade, c'est à l'indice QUALO (qualité de l'eau en rive) qu'il faut se rapporter. Cet indice est déterminé à travers la mesure de paramètres physico-chimiques (température, pH, oxygène, conductivité) et du paramètre des coliformes fécaux (critère de qualité identique à celui du MDDELCC). Environ une centaine de stations de mesure sont réparties sur tout le pourtour de l'île, les prélèvements sont effectués à chaque semaine, sur la période des mois de mai à septembre habituellement.
Pour savoir si vous pouvez aller faire une saucette, vous pouvez tout d’abord consulter les versions annuelles du "Portrait de la qualité des plans d'eau à Montréal", disponibles sur le site du RSMA, qui vous donneront un aperçu historique des résultats des stations. Par exemple, certaines stations présentent de mauvais résultats récurrents en raison de la présence de raccordements inversés, c'est-à-dire d'un mauvais branchement faisant que les eaux usées sanitaires se déversent ailleurs que dans le réseau d'égout. Ensuite, pour raffiner vos informations, consultez l'outil de la carte interactive du RSMA, qui présente le suivi de la qualité bactériologique des cours d'eau et choisissez l'onglet "eau en rive".
Cette carte est actualisée toutes les semaines, après claque tournée d'analyses. C'est certain qu'il existe un délai entre le prélèvement des échantillons et la diffusion des résultats, notamment en raison du temps nécessaire pour les dénombrements microbiologiques. Et, oui, c'est certain également que l'on souhaiterait pouvoir avoir accès à des résultats en "temps réel". Pourquoi ? Car on sait que la qualité de l'eau à Montréal est très reliée aux conditions météorologiques et donc sujette à des variations soudaines.
À ce titre, il est recommandé de ne pas se baigner à moins de 48 h suivant une forte pluie (>10 mm). Après un apport important d'eau de ruissellement, les volumes d'eau rejoignant la station d'épuration dépassent sa capacité de traitement. Pour éviter le refoulement dans les égouts, les eaux en trop-plein sont alors rejetées directement au milieu naturel, sans être traitées au préalable. La Ville a, dans ce cadre, entrepris la construction de nouveaux bassins de rétention. Mais la situation n'est pas encore réglée. D'ailleurs, ce point a été soulevé lors de la baignade du 28 juillet car un fort orage avait éclaté la veille à Montréal. Dans cet article, Pierre Lussier, de Montréal Baignade, indique avoir pris ce paramètre en compte lorsqu'ils ont décidé de maintenir l'activité.
Ainsi, en suivant ces recommandations, la baignade à Montréal est tout à fait possible. Même si, pour l'instant, les accès à l'eau ne se sont pas encore concrétisés comme le rappelle M. Lussier dans le même article, on sent actuellement une poussée encourageante qui va dans ce sens !
Voyez plus bas quelques photos de l’événement, vous en trouverez d'autres sur la page Facebook de Montréal Baignade ainsi qu'en consultant la belle retombée médiatique de l’événement (ici, ici ou ici par exemple).
Continuez à profiter de l'été !
Clara
[1] : Ministère de la Santé et des Services sociaux - Baigneuses et baigneurs.
[2] : Ministère du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques - Programme Environnement-Plage.
[3] : Ville de Montréal - Communiqué Fermeture des plages des parcs-nature du Cap-Saint-Jacques et du Bois de l'Île-Bizard.